Bonjour câest Charlotte !
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Vous ĂȘtes 869 lectrices et lecteurs, soit 68 de plus que la semaine derniĂšre.
Câest pour moi lâoccasion dâen savoir un peu plus sur vous, grĂące Ă un petit sondage. En toute transparence, jâaimerais qualifier mon audience pour ĂȘtre plus pertinente auprĂšs des annonceurs qui pourraient sponsoriser la newsletter !
Merci dâavoir rĂ©pondu !
Dans cette troisiĂšme missive, je vais vous parler du design de mon jardin-forĂȘt : pourquoi je suis partie sur ce projet et comment je mây suis prise.
Mais avant de démarrer, voici ce que tu peux faire si tu souhaites soutenir mon projet :
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Allez, on dĂ©marre ! đ
Au Sommaire de ce troisiÚme numéro :
Quâest-ce quâun jardin-forĂȘt
Les objectifs de mon projet
Comment jâai construit mon design
1. Quâest-ce quâun jardin-forĂȘt
Commençons par le commencement : câest quoi un jardin-forĂȘt ?
Le jardin-forĂȘt, câest un type de systĂšme agroĂ©cologique conçu pour imiter les principes de la forĂȘt naturelle, en cultivant des plantes comestibles, mĂ©dicinales, et dâautres ressources naturelles de maniĂšre durable et en harmonie avec la nature.
Contrairement aux cultures conventionnelles qui nĂ©cessitent souvent des intrants externes (engrais, pesticides, etc.), un jardin-forĂȘt fonctionne comme un Ă©cosystĂšme autonome et rĂ©silient.
Il repose sur une stratification des plantes oĂč diffĂ©rentes couches sont cultivĂ©es Ă diffĂ©rents niveaux. En rĂ©sumĂ©, diffĂ©rents Ă©tages de vĂ©gĂ©taux (on parle de strates) avec chacun leurs fonctions :
La canopĂ©e (arbres fruitiers ou Ă noix) : lâĂ©tage supĂ©rieur de la forĂȘt, un peu la cime des arbres.
Les arbustes (baies, plantes médicinales)
Les herbacées (plantes comestibles, légumes)
Le sol (plantes couvre-sol, racines comestibles)
Les racines profondes (plantes fixatrices d'azote, etc.)
NB : certains ouvrages/auteurs ordonnent ces strates diffĂ©remment, voire en dĂ©doublent certaines. Le but ici nâest pas de dĂ©battre du sujet, simplement vous en exposer le principe.
A lâinstar dâune forĂȘt, le jardin-forĂȘt est autonome. Il nĂ©cessite peu dâirrigation et peu dâentretien. On peut adapter ce systĂšme quelque soit la taille de son jardin, ça permet dâavoir une source de nourriture et de prĂ©server son environnement.
Câest le livre de Martin Crawford âLa ForĂȘt-Jardin, crĂ©er une forĂȘt comestible en permaculture pour retrouver autonomie et abondanceâ qui mâa donnĂ© envie de me lancer sur ce projet.
2. Les objectifs de mon projet
Je me suis lancĂ©e dans la conception dâun jardin-forĂȘt pour 3 raisons :
1. LâidĂ©e de dĂ©part, câĂ©tait de tester mes aptitudes Ă travailler en extĂ©rieur en toute saison. On en parle peu, mais câest quand mĂȘme un choc thermique assez brutal de passer dâun travail de bureau dans des locaux chauffĂ©s en hiver et climatisĂ©s lâĂ©tĂ© Ă des matinĂ©es dehors par -2°C et des journĂ©es par 30°.
Je vais vous faire une confession : je suis frileuse. Pire, jâai le syndrome de Raynaud qui fait que mes orteils son assez mal vascularisĂ©s : en cas dâexposition rĂ©pĂ©tĂ©e au froid, je perds la sensibilitĂ© de mes orteils, jusquâĂ friser les engelures. Pas vraiment lâidĂ©al lorsquâon se destine Ă travailler en extĂ©rieur.
Donc avant de me lancer, jâavais besoin de tester si je pouvais rĂ©sister au froid. Je me suis rendue compte quâavec de bonnes chaussettes et des chaussures grand froid câĂ©tait le cas !
2. Ensuite, jâavais besoin de mettre en pratique sur le terrain les apprentissages que je pouvais faire au cours de ma formation en agroforesterie. A petite Ă©chelle et sans pression.
Jâavais lu le livre â You can Farmâ de JoĂ«l Salatin (Ă©lu par Time Magazine comme un des plus agriculteurs les plus innovants du monde), qui est lâun des prĂ©curseurs de lâagroĂ©cologie aux Etats-Unis.
Je le rejoins complĂštement sur lâimportance de se lancer et de commencer. Câest vraiment ce dont jâavais besoin : me mettre en mouvement (on y revient toujours Ă cette marche en avantâŠ).
Jâai toujours deux citations du livre qui rĂ©sonnent dans ma tĂȘte quand jâhĂ©site ou quand je ne sais par oĂč commencer :
âCe qui importe câest de commencer, de faire quelque chose et dâapprendre en faisant. Si cela marche, câest tout ce qui compteâ
âTant de personnes meurent paralysĂ©es jusquâĂ ce que toutes les questions aient trouvĂ© rĂ©ponse. Si vous attendez ce moment lĂ , vous passez Ă cĂŽtĂ© de votre vie.â
3. Enfin, jâavais besoin dâobserver et dâapprendre sur une petite parcelle. La connaissance sans la pratique, ça nâest pas souvent dâune grande utilitĂ©. Et câest encore plus vrai dans un secteur oĂč les paramĂštres, les savoir-faire Ă maĂźtriser et les alĂ©as sont nombreux.
Comprendre mon sol, savoir quels plants prenaient le mieux dans quel environnement, Ă©valuer lâensoleillement, me confronter Ă la faune locale et voir quels insectes/maladies Ă©taient susceptibles dâattaquer mes cultures, câĂ©tait vraiment ce dont jâavais besoin.
Une fois que jâavais tout cela en tĂȘte, jâai pu me lancer dans le design !
3. Comment jâai construit mon design
PremiĂšre Ă©tape : jâai rĂ©alisĂ© une cartographie de lâexistant :
en identifiant les arbres déjà présents sur le terrain
en analysant le sol
en observant lâensoleillement et les pentes des diffĂ©rentes zones de mon terrain
Pour identifier les arbres, je me suis aidĂ©e de bouquins, jâai appelĂ© des proches et jâai utilisĂ© lâappli âClĂ©s de forĂȘtsâ, qui propose une arborescence (ha ha) qui permet dâidentifier les essences sur la base de critĂšres prĂ©cis (forme et disposition des feuilles, forme et couleurs des bourgeons, Ă©corce etc).
Je me suis alors rendu compte que mon terrain comptait une diversitĂ© dâarbres bien plus importante que ce que jâimaginais, alors que je lâavais tous les jours sous les yeux (#citadine).
Bref, jâavais surtout des espĂšces pionniĂšres sur mon terrain : de la ronce (donc des mĂ»res sauvages đ), du robinier faux-acacia, du sureau,âŠ
Il faut savoir que les espĂšces pionniĂšres sont les premiĂšres Ă coloniser un endroit. Elles ont toutes les mĂȘmes caractĂ©ristiques qui les rendent capables de se dĂ©velopper avec peu de ressources dans des environnement peu propices : elles poussent vite, elles ont souvent des Ă©pines pour se dĂ©fendre, elles se reproduisent rapidement, et elles sâadaptent bien Ă la concurrence dâautres vĂ©gĂ©taux.
DÚs que tu les coupes, tu leur redonnes une jeunesse et elles repoussent de plus belle (souvent avec des épines plus solides).
Elles ont un rĂŽle crucial pour dĂ©marrer ce quâon appelle le processus de succession Ă©cologique, en modifiant les conditions de leur environnement et en ouvrant la voie Ă une biodiversitĂ© de plus en plus riche. Elles stabilisent le sol, lâenrichissent et le structurent pour crĂ©er un habitat favorable Ă dâautres espĂšces Ă venir (on dit dâailleurs que la ronce est le berceau du ChĂȘne, car elle le protĂšge des cervidĂ©s).
Si jâavais des pionniĂšres sur mon terrain, câĂ©tait sĂ»rement le signe dâun avenir prometteur !
NB : pour les curieuses et les curieux, voici un petit schéma de la succession écologique (Source : NadÚge Popoff, modifié d'aprÚs Girel 2018, via ResearchGate).
Ensuite, je suis passĂ©e Ă lâanalyse de mon sol :
Jâai creusĂ© Ă diffĂ©rents endroits de mon terrain pour regarder la texture du sol, observer sa couleur et regarder sâil y a avait de la vie.
Bilan : jâavais plusieurs caractĂ©ristiques de sols sur ma parcelle : un sol plutĂŽt sablonneux sur le haut et plutĂŽt argileux sur le bas.
Jâai alors analysĂ© la composition chimique de ces diffĂ©rents sols, pour savoir si jâĂ©tais en prĂ©sence de sols acides, neutres ou basiques et Ă quel niveau. Bon, âanalyseâ est un bien grand mot, puisque jâai simplement fait un test de PH en achetant un kit de test.
Jâai imprimĂ© un plan de mon terrain Ă lâĂ©chelle en format A3 et jâai colorĂ© les diffĂ©rentes zones en fonction du PH. Ăa a donnĂ© ça đ
DeuxiĂšme Ă©tape : jâai fait la liste de ce que je voulais planter.
Jâai créé un Excel avec la liste de ce que je souhaitais planter et les besoins de chacun de ces vĂ©gĂ©taux :
Nom
Variété
Strate
Feuillage (Persistant/caduque)
Hauteur à maturité
Largeur à maturité
Type de sol
PH
Exposition
Besoin en eau (Je ne lâavais pas mis au dĂ©but. Et câest une erreur đ ).
Puis jâai créé des menus dĂ©roulants avec des rĂ©ponses type pour certaines colonnes (ça aide Ă filtrer par la suite quand on crĂ©e le design).
TroisiĂšme Ă©tape : jâai rĂ©alisĂ© le Design du plan de plantation, en essayant de trouver un juste Ă©quilibre entre entre la photosynthĂšse et les caractĂ©ristiques du sol et en Ă©tudiant les guildes dâassociation de plantes pour crĂ©er des conditions Ă©cosystĂ©miques de dĂ©veloppement de mes plantations.
Jâai pris mon compas et mes ciseaux et jâai reprĂ©sentĂ© les vĂ©gĂ©taux et leur dimensionnement Ă terme.
Un petit aperçu de mes gommettes đ
Je suis partie sur trois zones principales de plantation, car nous venions dâarriver et une annĂ©e dâobservation me semblait nĂ©cessaire au lieu de planter partout !
Une haie fruitiĂšre en limite de propriĂ©tĂ© avec le voisin alternant un arbre fruitier haut et deux arbustes intercalaires, soit fruitiers (myrtilliers, framboisiers, groseillers) ou persistants (chalef dâautomne).
Une zone que jâappelle mĂ©diterranĂ©enne car exposĂ©e au soleil, composĂ©e des arbres de la strate haute nĂ©cessitant un ensoleillement Ă©levĂ© : olivier, figuier, vigne, pĂȘcher et aromates (thym, romarin, sarriette, origan).
Une plantation de fruitiers dans une zone qui comptait déjà de petits arbres.
Puis jâai imprimĂ© le plan de ma parcelle et jâai positionnĂ© les gommettes de ce que je voulais planter : ça mâa permis dâavoir une bonne reprĂ©sentation et de les dĂ©placer avant de me dĂ©cider.
Jâai emmĂ©nagĂ© en septembre et je voulais planter Ă lâautomne de la mĂȘme annĂ©e. AprĂšs trois bons mois passĂ©s Ă analyser, Ă rĂ©flĂ©chir et Ă dĂ©placer des gommettes, ça a finalement donnĂ© ça đ
Ăa a donnĂ© ça sur le papier, mais la rĂ©alisation a Ă©tĂ© un peu diffĂ©rente. Le temps de prendre ma bĂȘche, et je vous raconte ça dans le prochain Ă©pisode !
JâespĂšre que ce numĂ©ro vous a plu. HĂąte de lire vos commentaires en tout cas.
Des nouvelles du front :
Cette semaine, les fleurs commencent Ă se transformer en fruits. On appelle ça la nouaison (jâapprends les termes techniques). Ci-dessous, la nouaison sur un groseiller qui a dĂ©jĂ 5 ans, prise dans le verger dans lequel je fais mon stage.
Belle étude et analyse trÚs intéressante.
Pleins de courage pour la suite.